Activité physique adaptée en EHPAD : 5 bénéfices sur les résidents
Préambule : Selon la littérature, il a été montré que les sujets dont le niveau de pratique d’activité physique adaptée est insuffisant ont des limitations fonctionnelles plus conséquentes. Globalement, le manque d’activité physique est considéré comme étant responsable à 50% de la mortalité. Les effets de l’activité physique ne sont plus à démontrer, cependant les personnes âgées demeurent la population la moins active (seulement 40% des personnes âgées pratiquent de l’activité physique en suivant les recommandations nationales).
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C’est en restant actif que la santé physique et morale des habitants des EHPAD est préservée. La pratique d’exercices d’activité physique adaptée est un des outils pour permettre de lutter contre l’inactivité et de maintenir l’autonomie tout au long de la vie (INSERM, 2008).
En EHPAD, l’activité physique adaptée se définit comme l’ensemble des activités physiques et sportives adaptées aux capacités des résidents. L’objectif de maintenir l’autonomie en EHPAD grâce à la pratique physique, est quelque peu récent, il est apparu dans les années 90. Avant cette date l’activité physique adaptée connue sous le nom de gymnastique était considérée comme de l’occupationnel (Raymonde Feillet, 2018).
Actuellement, l’objectif est de soutenir et d’accompagner leur quotidien dans un but de prévention, de maintien, de réadaptation et de participation sociale. Il est intéressant d’y associer les exercices physiques liés à la vie quotidienne comme la toilette, l’habillage, les déplacements actifs, la participation aux animations quotidiennes, ponctuelles, le jardinage…
Sommaire
Pourquoi proposer de l’activité physique aux séniors dans les EHPAD ?
De par leur inactivité et leurs comportements majoritairement sédentaires, les habitants des EHPAD se voient déconditionnés. En effet, il y a une détérioration de la force, de la masse et de la puissance musculaire, de la capacité cardio-vasculaire, de la souplesse et de l’équilibre. Mais aussi sont constatés des changements physiologiques réduisant les capacités fonctionnelles pouvant entraîner une diminution des activités de la vie quotidienne, un plus grand risque de chute et une perte d’autonomie pouvant engendrer une dépendance.
Pour les habitants des EHPAD atteints de démence ou de troubles cognitifs même avec une pratique modérée, l’activité physique joue un rôle important. Elle permet de maintenir et préserver l’autonomie sociale, physique, psychique et fonctionnelle, améliore les capacités cognitives (orientation, mémoire corporelle…), réduit les troubles du comportement, établit et favorise les relations sociales.
« La pratique d’activité physique de par son action bénéfique sur la capacité aérobie, la fonction musculaire, l’intégration sociale, la cognition et l’autonomie, a un intérêt tout particulier chez les sujets âgés fragiles, à condition que les programmes soient adaptés à leurs capacités physiologiques » (Blain et al, 2000).
Pour résumer, les bénéfices attendus de l’activité physique adaptée en EHPAD sont le maintien et la préservation de l’autonomie sociale, physique et fonctionnelle des résidents avec un impact sur la condition physique. Pour cela, l’activité physique doit être régulière, fréquente, adaptée et contrôlée.
L’activité physique adaptée, une thérapie non médicamenteuse ?
Le PNNS 2019-2023 inscrit l’activité physique comme un déterminant pour lutter contre la sédentarité dans les projets d’établissements des EHPAD et faciliter l’accès à ces activités.
Ainsi l’activité physique devient un outil reconnu de prise en soin non médicamenteux pour soutenir et accompagner le quotidien de nos aînés.
La proposition en activité physique pour avoir des bénéfices sur l’autonomie des résidents doit respecter une programmation qui doit être adaptée, régulière, fréquente et contrôlée. Le résident doit être placé au cœur du dispositif. L’activité proposée doit tenir compte des goûts, choix, attentes et besoins du résident.
Quels sont les effets d’une programmation en activité physique adaptée ?
La programmation en activité physique adaptée peut avoir un effet sur la prévention de la maladie cardio-vasculaire, le diabète et l’amélioration de la fonction musculaire.
Également, elle entretient, maintient et développe :
- La réappropriation corporelle : favorise les perceptions et sollicite les sensations pour améliorer le schéma corporel.
- La condition physique par l’entretien des grandes fonctions vitales, des grands groupes musculaires, et le travail sur l’adresse, la coordination, l’équilibre, l’endurance et la force.
- Elle favorise l’insertion : la socialisation, la coopération, la découverte, la créativité, l’investissement et la motivation tout en donnant du sens à l’ensemble des actions du résident.
- La mémoire : l’attention, la compréhension des consignes, l’aptitude à faire un choix, l’orientation dans le temps et l’espace.
- Elle améliore la confiance en soi et l’estime de soi…
Quelles activités pratiquer ?
L’activité physique adaptée permet de favoriser une approche diversifiée et multi sensorielle.
Par exemples :
- Une sollicitation des capacités d’endurance (ou exercices aérobie) peut être proposée par la marche, la marche nordique, le travail sur ergocycle comme le cycléo de Cottos Médical (vélo connecté qui permet de réaliser une balade virtuelle en toute sécurité).
- Le renforcement musculaire (activité contre résistance) est particulièrement important chez le sujet âgé ou pathologique.
Également les activités d’équilibre sont à privilégier dans un but de prévention des chutes. Des combinaisons d’activités modérées ou intenses peuvent être envisagées.
Ci-dessous, retrouvez le témoignage de Roxane Psychomotricienne à l’EHPAD « la Miséricorde » à Saint Affrique (12).
Dans le cadre de la mise en place des dispositifs en activité physique adaptée, Roxane prend en charge l’évaluation des capacités physiques, motrices et cognitives des participants, elle s’occupe de la composition des groupes et participe aux séances d’aquadouce organisées les vendredis au bassin nautique intercommunal.
Dans le cadre de ta formation, as-tu été sensibilisée à l’activité physique adaptée ?
Dans le cadre de ma formation, nous avons été sensibilisés au maintien et la préservation de l’autonomie physique, psychique et sociale de la personne âgée à travers diverses médiations (danse, yoga, tai-chi …). Nous avons eu des cours concernant la prévention des chutes où l’on nous a formés aux tests permettant d’identifier les personnes à risques et les recours que nous pouvons mettre en place pour limiter cela. C’est au cours de ceux-ci que l’on nous a brièvement présenté l’Activité Physique Adaptée. Nous avons également été formés à plusieurs techniques similaires à ce que j’ai pu observer lors des séances d’activités physiques au sein de l’EHPAD.
Quels sont les effets sur les capacités des résidents que tu as pu constater lors de la programmation en activité physique?
Dans un premier temps, la programmation hebdomadaire de l’activité physique au même endroit permet de donner un repère temporel et spatial aux résidents. En effet, le vieillissement, qu’il soit pathologique ou non, entraîne des modifications dans les repères spatio-temporels, ils ont alors besoin de repères pour être rassurés. Au niveau physique, on observe une préservation des capacités motrices des résidents participant au groupe. La différence a été flagrante entre les capacités préservées avec une séance d’APA par semaine et le manque d’activité régulière pendant la période de COVID-19. C’est à cette période que l’on prend réellement conscience des bienfaits de l’APA. En effet, certains résidents qui bénéficiaient de séance hebdomadaire ont vu leurs capacités physiques diminuer en peu de temps.
Puis, la reprise de l’activité physique régulière leur a permis de préserver et améliorer leurs capacités motrices restantes. Ainsi, ils ont repris confiance en eux. De plus, je remarque une diminution des chutes chez ces personnes.
Quel sont les effets de la programmation sur les gestes de la vie quotidienne ?
L’activité physique adaptée permet une préservation des capacités motrices des résidents en leurs donnant une certaine assurance ou réassurance dans leurs mouvements. Ainsi, pour certains résidents cela leur permet de maintenir une certaine autonomie au quotidien dans les déplacements, au moment de la toilette, au repas…Les déplacements seuls en extérieur ou l’intérieur peuvent être réalisés sans crainte de la chute. La réappropriation corporelle explorée en activité physique adaptée donne la possibilité aux résidents de maintenir les gestes utiles pour la toilette et l’habillage. Cette approche corporelle permet aux résidents de se réapproprier leur image de soi et leur schéma corporel.
Sources :
- vivifrail : Guide pratique pour la prescription d’un programme d’activités physiques pour la prévention de la fragilité et de chutes chez les sujets âgés de plus de 70ans.
- Frédéric DESPIESSE, Olivier COSTE. « Prescription des activités physique en prévention et en thérapeutique ». ed.Elsevier Masson.2016
- Delphine DANDOIS. « Ateliers d’activités physiques »edPhalente. 2012
- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-07/app_248_ref_aps_pa_vf.pdf
- http://www.revuedegeriatrie.fr/lespdf/2015_40_355-362.pdf